- L'Internationale de l'Enseignement
- Pour la Révolution à
l'Ecole
-
- Notre congrès de Bordeaux a été avant
tout un congrès politique, très intéressant,
certes, et peut-être nécessaire. Mais nous n'avons
pas su y montrer que nous étions instituteurs. Nous nous
sommes posés en syndicalistes révolutionnaires, mais
jamais en instituteurs révolutionnaires. Et là est
pourtant la voie infaillible ; car, sans la révolution de
l'école, la révolution politique et
économique ne sera qu'éphémère.
- Le Congrès des « Socialistischer Erzieher »
(instituteurs socialistes) qui s'est tenu à Gotha, du 2 au
4 octobre (1) nous est un enseignement.
- En voici l'ordre du jour :
- I. Le Syndicat des Instituteurs ;
- II. Académie de travailleurs ;
- III. L'enseignement, science de la vie ;
- IV. L'Internationale socialiste pédagogique.
- L'Académie des Travailleurs s'occupera de
l'école des travailleurs, notamment l'enseignement
post-scolaire.
- L'Enseignement, sciences de la vie. Il s'agit d'abord
de séparer l'école de l'église, et logiques
en cela, de rechercher la libération de l'école,
vis-à-vis des autres « religions » qui
l'asservissent.
- Il se divise en :
- a) Le cosme et son développement ;
- b) L'homme et son développement ;
- c) Les formes du travail des hommes ;
- d) Les formes de communauté des hommes, avec une
histoire des religions.
- L'Internationale pédagogique (2) combattra la
haine des peuples, donc la guerre, par l'école unique, par
l'école vraiment active, celle-ci, au lieu d'apprendre des
matières aux enfants on n'aura en vue que le
développement de son être.
- Il se formera une Centrale pour l'information sur les
groupements d'instituteurs, sur la pédagogie et la
psychologie, sur l'organisation de l'école et
l'éducation des maîtres.
- L'internationale, formée par les instituteurs qui
s'accordent sur ces bases de la nouvelle école : contre la
guerre, contre la haine, surveillera la littérature
pédagogique, spécialement la littérature pour
la jeunesse, les livres de l'école. Elle donnera des
directives aux différents groupes. Il y aura un journal de
l'Internationale (espéranto) ainsi qu'une centrale de
correspondance (maîtres et élèves).
- Voici, à propos du nouvel esprit de l 'école, ce
que dit « Pädagogik deines Wesens » :
- « Il faut que l'instituteur dans la classe soit le grand
camarade de la jeunesse. L'éducation est l'action de la vie
sur la vie. Il est impossible d'en faire un système. On a
transféré le centre de l'éducation par
l'homme dans une chose. C'est là le grand mensonge objet de
tous nos maux.
- « Dans l'école, tout était
prémédité par l'instituteur, par le plan
d'enseignement. Où était la
spontanéité, l'indépendance des
élèves ? Nous n'envisagions l'éducation
intellectuelle qu'au point de vue de l'utilité pour la vie
; c'était l'annihilation de l'âme. »
- Que la jeunesse se souvienne enfin de son être, de sa
vie propre.
- H. Siems et C. Freinet
- (1) Nous en publierons un compte rendu prochainement.
- (2) Observons que le Congrès de Bordeaux en fondant
L'Internationale de l'Enseignement s'est proposé le
même but et a préconisé les mêmes moyens
de réalisation (N.D.L.R.)
-
article publié dans l'Ecole Emancipée, n°4, 23
octobre 1920)
- rubrique : La vie pédagogique
-
Note : H. Siems, directeur d'école
allemand, accueillit Freinet en Allemagne pendant
l'été 1922.