L’autonomie des écoliers
livre d’Ad. Ferrière (Delachaux-Niestlé, Neufchâtel)
Ecole Emancipée n°33 12 mai 1923
rubrique : Bibliographie

Dans ce livre, M. Ad. Ferrière, qui, comme directeur du Bureau Internationzal des Ecoles Nouvelles, possède une vaste documentation, étudie sérieusement et impartialement la question si controversée de l’autonomie des écoliers.
Il va chercher l’origine de cette pratique dans les « Bandes d’Enfants » qu’ont si bien décrite des romanciers comme Machard et notre regretté Louis Pergaud. L’enfant y montre non seulement son besoin inné d’activité, mais aussi ses tendances sociales. L’enseignement doit-il profiter de ces tendances sociales ? J.J. Rousseau ne le pensait pas puisqu’il rêve son « Emile isolé en pleine campagne avec son éducateur ». Les maîtres actuels savent que « le bien ne naît pas de l’ignorance du mal » et que, si nous voulons des hommes actifs et libres, nous devons donner aux enfants des habitudes d’activité et de liberté.
Aussi a-t-on travaillé dans divers pays à « organiser » ces aptitudes sociales des enfants. C’est l’histoire des « Républiques d’Enfants ». Selon l’auteur, on n’arrive à l’autonomie que par une organisation méthodique ; car il a été reconnu « qu’il n’est pas possible - disons : presque jamais possible - d’obtenir que les enfants passent de l’anarchie à l’ordre, sans le concours d’un adulte doué d’une intuition psychologique exceptionnelle... » Il est donc nécessaire de rechercher une technique. Les expériences, dont quelques-unes sont concluantes - celles de l’école du Dr Cecil Reddie en Angleterre, du Dr Lietz en Allemagne, de l’école des Roches en France, de Hof-Oberkirch en Suisse, de Faria de Vasconcellos en Belgique - ont mis sur la voie de cette technique.
Enfin, quelques instituteurs, partisans de l’autonomie des écoliers, l’ont organisée, presque toujours avec succès, dans des Ecoles publiques.
M. Ad. Ferrière termine en montrant les avantages et les inconvénients de l’autonomie des écoliers. Ces quelques sous-titres montreront tout l’intérêt de cette partie du livre :
« 1° le caractère des élèves se révèle au maître.
2° Allégement de la tâche pour le maître intelligent qui a réussi à établir le régime de l’autonomie des écoliers sur une base solide.
3° Le régime de l’autonomie des écoliers développe chez ceux-ci la maîtrise de soi.
4° Les élèves apprennent par expérience la valeur de la division du travail.
5° Ils apprennent à voir les choses du côté du manche.
6° Le régime de l’autonomie révèle les chefs naturels, les meneurs spontanés.
7° Les chefs acquièrent le sens des responsabilités. »
« L’autonomie des écoliers » est un livre nécessaire aux camarades qui veulent faire évoluer leur classe vers la démocratie, pour le développement social et humain de tous les enfants.
C. Freinet