VENCE PIONNIERS 15 10 37
-----------------------------------------
Élèves de l’école Freinet


Anne Lise Rifberg 16 ans
Mariette Monod 16 ans
Lucien Ferry 14 ans
Dioniso Fena Arranz 14 ans
Marguerite Imbert 13 ans
Jean Lecuyot 13 ans
Miguel Zinty 12 ans
José Luis Moran 12 ans
Luis Pena Arranz 11 ans
Alfonso Villacieros 11 ans
Pierrette Boulez 11 ans
Angel Notario 11 ans
Numa Zinty 10 ans
Noël Cointe 10 ans 9 mois
Michel Jacquemard 10 ans
Pedro Morand 10 ans
Maurice Larriven 10 ans
Carmen Notario 10 ans
Carmen Castro 9 ans
Gonzalo Bolde 9 ans
Antonio Notario 8 ans
Juana Aranda 8 ans
Claude Cointe 9 ans
Luis Aranda 9 ans
Ophélia Perini 8 ans
Baloulette Freinet 8 ans
Josette Drago 8 ans
Gérard Dupont 8 ans
Daniel Lecache 8 ans
Pépète Richard 6 ans
Xavier Monnier 8 ans
Jacqui Monnier 6 ans
Nory Lesaffre 7 ans
Rosario Castro 7 ans
Marianne Cointe 7 ans
Julie Villacierca 7 ans
Jacques Ferry 7 ans
Esteban Roblecano 7 ans
Raymond Ferry 6 ans
José Manuel 6 ans
Yves Imbert 5 ans
Danielito Rodriges 4 ans


VENCE PIONNIERS 5 10 37
--------------------------------
L’ECOLE FREINET
------------------------


Je ne suis arrivé qu’avant-hier mais déjà, je me sens heureux.
Tous mes petits camarades sont gentils et plaisants. Papa Freinet et Maman Freinet aussi.
Hier Albert m’a emmené en auto porter des imprimés et je l’ai aidé à mettre l’électricité.
Depuis que je suis entré, il y a quatre petits nouveaux qui sont arrivés. Tous les enfants sont libres à la condition qu’ils n’abusent pas de leur liberté et qu’ils ne gênent pas les autres

Miguel


VENCE PIONNIERS 21 6 38
-----------------------------------
Quelle famille !


Hier sont arrivés les 10 petits espagnols venus de Barcelone.
Depuis le matin, nous les attendions avec impatience.

Tout à coup, la corne de la voiture retentit : les voilà !
Nous montons sur la terrasse du garage, José-Luis avait pris le drapeau espagnol, nous agitions nos mains, nous criions :
Ils descendent de voiture, tout pâles, tout tristes, fatigués de ce long voyage et de cette si dure vie de Barcelone où les enfants se sauvent comme de petits lapins les jours de l’ouverture.
Tous ils ont l’air très gentils, très intelligents mais ils ne "sortent" pas le sourire comme nous.
La plus petite a cinq ans. Elle est blonde et bien mignonne. Elle s’appelle Helenita.
Nous voulons être pour eux les meilleurs frères, les frères d’une grande famille de 50 enfants dont 30 petits Espagnols. Quelle famille !

Tous



Jacquot travaille bien. C’est lui qui rentre les tables. Estevan l’aime bien

Jacquot trabaja bien ; es todos las dias el que entra la mesas. Estavan le quiere mucho

Lucien est un grand garçon, très gentil. Il travaille beaucoup et il aime bien Carmen

Lucien es un grande nino muy bueno ; el trabaja mucho y el quiere mucho a la Carmen

Vicenta est partie pour l’Espagne avec Danielito. Tout le monde a pleuré

Vicenta se a marchado para Espana. Todos el mundo a llorado

Hier toutes les fillettes sont allées faire une promenade. Elles ont dîné dans un pré, et quel rire !

Ayer todas las chiquillas han ido de paseo. Comieron en un prado. Y que risa !


VENCE PIONNIERS 1 4 38
--------------------------------
José-Luis


José-Luis est de Santander. Il nous est arrivé par le Danemark.

Petit et gros, il marche en roulant et toujours, il est en train de rire et de faire rire. Il a des joues en pomme d’api, des oreilles toutes rouges et le nez en trompette.

Il taquine tout le monde. Les autres se mettent en colère puis finissent par rire. José ne rit pas, lui. Ca l’énerve alors c’est José-Luis qui rit…

Il fait la voix élégante aux demoiselles et de petites manières distinguées.

Il dessine et peint comme un artiste. Il travaille bien, mais il met beaucoup de désordre là où il est.
José-Luis ! calme-toi !

Tous


MAMAN FREINET
-------------------------

C’est une dame qui a 29 ans.
Elle est très vieille.
Il y en a quelques unes qui la font crier le jour.
C’est une femme artiste : un jour, dans la salle de peinture, elle fit trois dessins. Ces dessins sont très tristes. Ils représentent des hommes et des femmes du peuple, des vieux fatigués par leur vie pénible.
Maman travaille beaucoup pour pouvoir gagner un peu d’argent.

JUANITA


REFLEXIONS
-------------------

  1. Maman n’est pas une dame, c’est une maman mariée avec papa Freinet.
  2. Maman n’a pas 29 ans mais 39.
  3. Maman n’est pas vieille. Elle fait la course avec nous.
  4. Elle est bonne et nous aime beaucoup.

8.6.38


MAMAN ARTISTE
-------------------------

Maman Freinet est une artiste.
L’autre jour, j’ai dessiné avec elle. Elle avait de bons instruments et des crayons qui semblaient être de la craie.
Maman travaille avec beaucoup d’application. A tout moment elle regarde son dessin.
De temps en temps, elle le met loin d’elle pour voir si elle le trouve bien, puis le regarde à l’envers.
C’est curieux de voir maman dessiner. Quand son dessin est terminé, elle range soigneusement ses instruments.

José LUIS



LA MÉMÉ
--------------


Esteban ROBLEDANO – (Gerbe octobre 1939)
Il y a quelqu’un qui m’aime beaucoup. C’est mémé. Pourquoi m’aime-t-elle ?
Parce que, le matin, quand je me lève, je lui dis :

Et je l’embrasse.
Quand j’ai un trou à mes chaussettes ou à mes pantalons, elle me le raccommode, sans me gronder jamais.
Le dimanche, elle achète, pour nous, des gâteaux très bons pour le goûter. Elle en donne à tout le monde et à moi aussi.
Est-ce qu’elle m’en donne un peu plus qu’aux autres ?
"Pareil" qu’aux autres ! Pourquoi m’en donnerait-elle davantage ? J’entends être l’égal des autres. Pas plus.
Et si elle me donnait davantage, que diraient-ils ?
Ce n’est pas parce que l’on aime quelqu’un un peu plus que les autres, qu’on va lui donner une meilleure part.
Tous égaux, c’est le mieux.


L’ARRIVÉE DE MEME (1)
-------------------------------


Samedi, dans l’après-midi arrivait Mémé à l’école Freinet. Vers dix huit heures, l’auto de papa s’arrêta.
Nous accourûmes tous.

Et nous l’embrassons.
Elle a les cheveux blancs comme neige. Elle est très affectueuse avec tous.
Le matin, elle nous fait courir, cela peut paraître un mensonge que de dire qu’une petite grand’mère court tant. C’est pourtant la vérité.
Mémé a 70 ans et assez alerte pour faire une course.
Bravo Mémé.

TOUS

  1. Mémé était la mère d’Elise – Institutrice retraitée.


Papa FREINET
-------------------


Papa Freinet est très bon. Il nous aime beaucoup. Il est très travailleur.
Il travaille beaucoup à la Coopérative, à son bureau, dans son jardin, partout.
Nous aussi, nous aimons travailler, comme lui, pour être utiles, à la classe des travailleurs.

Antonio.


A VENCE, ILS REPRENNENT CONFIANCE
-----------------------------------------------------

GONZALO
Quand Gonzalo est arrivé, il portait la misère avec ses appareils aux jambes et la figure pâle et défaite.
Maintenant, personne ne le reconnaît.
Il a la tête ronde et les yeux vifs. Il marche bien, sans ses appareils.
Il joue et court comme un lapin.
Ses oncles ne sont pas contents, mais Gonzalo est bien ainsi.

Tous

CARMEN ET SA TROUPE
CARMEN est une enfant de Madrid et quelques amies aussi comme Carmencita, Julia et Janita et des petites filles françaises, Didi, Pierrette, Josette et Danielle.
C’est CARMEN qui commande toutes ces filles. Elles doivent obéir, autrement toutes se mettent en colère contre celle qui n’a pas obéi.
Et que dit CARMEN ? Elle nie.
Nous demandons à toutes qui affirment que CARMEN veut commander tout le monde.
Maman déclare "Ne mens pas CARMEN, tu es déjà mieux qu’au début et tu dois, comme les autres, devenir une bonne petite fille.

José LUIS


ANGE
Ange est un enfant des Asturies (province d’Espagne) il a 8 ans et est venu avec le convoi de Barcelone.
Les premiers jours, il était triste en pensant à ses parents, mais maintenant, il joue comme un diable.
L’autre jour, je lui dis :
"Qu’est-ce que tu as mangé dans le train ?

A Madrid, nous disons "Patatas fritas" C’est pourquoi nous nous mîmes à rire.
Cela me fait plaisir d’entendre "l’asturiano" langue des habitants de l’Asturie.

Alfonso



L’AMOUR DE L’Espagne
------------------------------


LES ROIS MAGES
Le jour des rois mages, c’est le 6 janvier. C’est le meilleur jour de l’année pour les enfants espagnols parce que les rois mages ont l’habitude de porter des jouets à tous les enfants qui ont été sages pendant l’année .
A Madrid, à ma sœur et à moi, ils nous apportèrent, l’an dernier, une pastèque et une machine à coudre.
Nous nous mîmes à jouer avec nos petites amies et nous nous amusèrent beaucoup.

Carmen

DANSE
Après le dîner, toutes les sucreries et friandises furent distribuées et mon frère nous fit danser Pedro et moi.
Nous enlevâmes nos chaussures et montâmes sur la table, dansant au cri des vivats et des « olé ».
Cependant, cette année, je suis triste.
Je ne peux me divertir complètement car je pense que l’Espagne est en guerre, que je suis loin de ma mère et mon père et que mon frère est prisonnier.

José Luis

LES FETES DE NOËL A SANTANDER
Chez moi, nous passions très bien les fêtes de Noël. Pour Noël, mon père nous achetait des sucreries, des nougats, des gâteaux et beaucoup de friandises.
A Santander, le jour de Noël, nous étions une bande d’amis qui, avec des planches et des pots faisaient une fanfare.

UN PAQUET D’ESPAGNE
Avant-hier, vers onze heures, le facteur passe. Alfonso travaillait et me dit en arrivant à l’école : "Luis, il y a un paquet pour toi".
Je me précipite dehors pour aller prendre possession de mon paquet. Maman me le donne. Je l’ouvre. Il y avait des livres prolétariens et pour moi un porte crayon ainsi que pour ma sœur.
Nous étions très contents d’avoir des choses d’Espagne.

MAURE SANS TRAVAIL
Avant-hier un pauvre homme cherchant du travail. Il était très sale et avait l’air affamé.
Il venait voir Papa Freinet pour lui demander un peu de travail car il avait entendu dire qu’on allait goudronner la route et la niveler.
Lulu qui parlait un peu arabe lui dit.
« Que voulez-vous ? »
-« Du travail sur le chemin ».
-« Aujourd’hui, il n’y en a pas ».
Et la pauvre homme s’en alla, l’air triste. Cela me faisait beaucoup de peine car je pensais aux pauvres qui ont des bras pour travailler et à qui la société capitaliste refuse du travail.

José Luis.


PETITS INCIDENTS DE LA VIE EN COMMUN
-------------------------------------------------------------


UNE HISTOIRE DESEPERANTE
Quelquefois à l’Ecole Freinet il se produit quelques incidents.
Nous visitions l’atelier photogravure et sur une des tables se trouvait un joli petit couteau, en forme d’automobile ;
Pendant que nos camarades nous expliquaient la technique de la photogravure, Luis regardait le petit couteau.
Il le prit dans ses mains, le regarda longuement, puis brusquement l’enfouit dans sa poche.
Aujourd’hui le petit couteau est revenu. Sur la table au Pioulier. On le regarde. On se le passe de main en main.
Vraiment ce couteau ne méritait pas d’être volé.
Luis regarde par la fenêtre et pleure.
Que penses-tu de cela, Luis ?
" Je pense que c’est mal et que je ne volerai jamais plus ".

Tous. 12.2.38