Chers amis des Amis de Freinet,

Cette année, je ne suis pas des vôtres à notre rendez-vous habituel au congrès, le XXXI ème, après ceux de "L'Imprimerie à l'Ecole", de"la CEL", de la "Pédagogie Freinet", de l’ICEM, vocables successifs pour désigner le même courant d'idées, le même mouvement d'actions, d'activités...
Et pourtant, je comptais bien encore "en être", cette fois-ci : je m'étais concerté avec l'ami Faure - nous avons été d'accord, bien sûr ! Le 3 février, j'ai adressé mon inscription aux organisateurs de Bordeaux, mais quelques jours après j'étais en proie à une déficience de tonus vital, pas grave, mais sérieuse et surtout tenace, à preuve que je me remets seulement ces jours-ci, après avoir "traîné" près de deux mois
J'ai résilié mon inscription. Faure est venu me voir : nous avons "fait" notre "petit" congrès, et je l'ai chargé de mes bonnes amitiés pour vous tous, avec l'espoir de "renouer la chaîne l'an prochain...
En début d'année, j'ai eu une très grande lettre de Francine, très fouillée, très émouvante, où tout est à sentir, matière à communion... et rien à répondre avec des mots Elle, non plus, n'y sera pas matériellement à Bordeaux, mais sa pensée vous y accompagnera fidèlement !
Je sais un gré infini à Dufour " de rappeler que la Gironde a été le berceau de notre mouvement" et c'est vrai ; c'est un hommage à rendre a la cohorte des pionniers girondins qui firent spontanément "pace" avec Freinet. Personnellement j'entrai d'emblée en sympathie avec eux . Je citerai entre autres : les Boyau , les Jacquet, Gerce, Caps, Marguerite Bouscarrut, Charlotte Audureau, Fraysse. Mes premiers contacts datent d'août septembre 1925 à Joué et à Andernos avec les Jacquet. Je fus médusé par le charme mystérieux de la forêt landaise. Armé de mon appareil photo, je la parcourus dans tous les sens ; à chaque vue je joignais un texte. Je rassemblai le tout sous le titre générique « La région landaise : sable, plaine, pin. " Plus tard, un tel cahier s'appela chez nous : "une B.T."
Une fois encore, je passai mes grandes vacances en Gironde, moi. Mais cette fois-ci dans les coteaux de Tabanac, voisins du Sauternes ; et ce fut aussi le bassin d'Arcachon.. en 1930.
La Gironde, les Girondins, Bordeaux avec ses congrès ; joyaux de ma jeunesse enthousiaste et active. Voilà pourquoi je tenais tant à ce congrès.
Je suis entièrement d'accord avec les déclarations du Bureau concernant l'action et les positions de notre association à l'égard de la Pédagogie FREINET (p. 27 et 28 du n0 il et 12 de l'Educateur).
En particulier, je prise fort la réponse péremptoire à ceux qui affirment que "Freinet est dépassé" Non, Freinet est loin d'être "atteint" . Il faut être ignare ou de mauvaise foi pour ne pas constater que la réalité scolaire est encore bien loin des prémices d'éducation préconisées par Freinet et l'I.C.E.M.
Il restera longtemps encore "le phare" qui projette des avenues de lumière dans le champ de notre idéal pédagogique et social.
Vos chantiers de travail ne chômeront pas encore, cette année. Bonne rencontre cordiale et féconde
Toujours votre Alziary.
Remarque

J'ai écrit ces quelques mots avant d'avoir reçu et lu le bulletin No 20