L'appel systématique au débat
Célestin Freinet, un éducateur pour notre temps
Michel Barré
 
A toute occasion, Freinet suscite la discussion, souvent en publiant des objections ou des réticences exprimées par courrier, généralement sans intention de diffusion publique. Pourquoi pratique-t-il ainsi ? Tout d'abord, pour rappeler que le droit de critique appartient à tout membre du groupe.
Bien souvent, son opinion personnelle n'est pas encore arrêtée et il a besoin d'avis divers pour approfondir sa pensée. Pour lui, le scandale n'est pas de se tromper, c'est de n'avoir aucune opinion (d'anciens élèves nous ont confirmé qu'en classe, il talonnait les plus inhibés pour qu'ils osent prendre une position, même si c'était pour en changer par la suite). C'est le débat qui aide progressivement à clarifier les problèmes et à rectifier les erreurs d'appréciation.
Même lorsque son opinion est déjà faite, Freinet préfère souvent que d'autres l'expriment. Il est fréquent qu'un débat coure sur plusieurs numéros successifs, afin que toutes les positions aient l'occasion de s'exprimer. Par contre, Freinet a horreur qu'on revienne sur un débat clos, sauf s'il resurgit plus tard sous un autre angle. Il souhaite qu'on débatte sans concession, pas qu'on discute interminablement, pour le simple plaisir.
 
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